Start-Up de territoire est une dynamique nationale lancée actuellement dans 7 territoires. Elle se veut inspirante, dynamisante et mobilisatrice aFIn d’accélérer véritablement l’innovation territoriale par et pour les citoyens. Christophe Chevalier, à l’initiative de cette dynamique, nous explique l’intérêt d’une telle mobilisation.
Quel est votre parcours en quelques mots ? Comment en êtes-vous arrivé là aujourd’hui ?
Je suis né et j’ai grandi dans un foyer de jeunes travailleurs qu’avait monté mon père après l’hiver 1954, le fameux appel de l’abbé Pierre. Après une première expérience professionnelle en tant
qu’éducateur, j’ai eu l’opportunité de collaborer à partir de 1987 avec le créateur d’une association de réinsertion dont l’objectif était de venir en aide aux « naufragés » du monde de la chaussure à Romans-sur-Isère. L’arrêt de cette industrie a engendré une forte augmentation du taux de chômage et de la pauvreté sur le territoire.
Cela fait maintenant 25 que je suis à la tête de cette structure. Notre objectif était de préparer les personnes à la reprise d’une activité professionnelle, mais en même temps, notre bassin perdait tous les jours de l’emploi. Nous nous sommes donc intéressés dès la fin des années 90 aux questions de développement économique.
Nous nous sommes lancés non seulement dansla reprise d’entreprises en difficulté et la recherche d’alternative à la délocalisation pour les industriels locaux, mais aussi dans la relance de l’industrie de la chaussure, activité phare de Romans-sur-Isère.
Partant du principe qu’ensemble, on peut toujours plus, nous avons toujours choisi d’intégrer des structures privées et publiques, des ESAT (Etablissements et Services d’Aide par le Travail, anciennement CAT), des entreprises locales ou encore d’autres associations à nos réflexions sur les questions de développement économique du territoire. Nous avons mené ces actions pendant plusieurs années.
Le Groupe ARCHER a ensuite créé un Pôle Territorial de Coopération Économique (PTCE). Ce lieu réunit une multitude d’acteurs, d’entreprises de tous secteurs. Nous avons créé des associations de chefs d’entreprise afin de montrer que la coopération économique pouvait devenir un modèle de développement du territoire.
Ainsi devenu un acteur économique important du secteur, le Groupe ARCHER a choisi d’ouvrir son capital aux particuliers et aux entreprises et a réussi à mobiliser
Comment est née Start-up de Territoire ?
Malgré la mise en place du PTCE et les emplois créés, nous nous sommes rendu compte qu’un fort taux de chômage et d’importantes difficultés économiques persistaient à Romans-sur-Isère. Nous avons alors choisi de lancer une nouvelle dynamique pour que l’ensemble du territoire prenne en main son avenir économique et coopère. C’est ainsi que Start-up de Territoire (SUT) a débuté à partir de l’été 2015.
Le moment fondateur de SUT a été la réunion dans nos locaux de plus de 250 personnes venues pour la première soirée à Romans-sur-Isère ! 250 personnes du territoire et une pluralité d’acteurs décidés à prendre en main leur destinée, à trouver des solutions pour répondre aux grands enjeux de la société, à initier des dynamiques, à faire émerger des concepts de projets et à les accompagner.
Si autant de personnes se sont mobilisées, on peut se dire que SUT répond à un besoin, une aspiration de nombreux citoyens.
En effet, SUT part du principe que les grands enjeux sociaux, environnementaux et économiques sont très peu traités par les politiques publiques actuelles, par manque, notamment, de moyens financiers. La mobilisation a montré que ce constat est partagé.
Notre autre conviction forte est qu’il n’est pas non plus forcément nécessaire de faire appel à des experts pour résoudre ces problèmes : il n’y a pas besoin d’être diplômé pour se sentir concerné, pour être ingénieux et pour faire en sorte que son expérience de vie puisse servir au bien collectif. Là encore, cela a résonné fort au sein de la communauté.
D’autant plus que nous souhaitions répondre à un autre enjeu : l’implication de l‘ensemble des acteurs du territoire, les élus, les acteurs économiques, les demandeurs d’emploi … sur une même base d’égalité.
Les citoyens aspirent à ces espaces d’expression, de paroles, d’échanges mais pas uniquement pour le plaisir de débattre : pour construire ensemble. Lors de l’animation d’un groupe SUT, nous posons comme fondement que toutes les idées doivent avoir leur place, personne n’a le droit de juger, ni de dire « il n’y connait rien, moi je sais ».
Nous voulons ainsi faire accepter l’idée, qu’en réalité, chacun de nous peut agir beaucoup plus qu’il ne le pense face aux grands enjeux, sans attendre que les solutions viennent d’ailleurs et qu’ensemble tout est possible.
Et demain ? Quelle est votre ambition pour Start-Up de Territoire ?
L’expérience SUT a aujourd’hui complètement dépassé notre ambition initiale. Notre rêve est maintenant que 100 territoires mettent en oeuvre cette dynamique tout en restant en lien les uns avec les autres.
Nous aspirons à ce que les citoyens qui mettent en place des solutions à Romans-sur-Isère soient en lien avec ceux de Lille ou de Strasbourg, sans forcément passer par nous. Nous voulons que se mettent en place des flux de communication et des dynamiques de collaboration entre les territoires pour accélérer ce mouvement d’innovation territoriale dans un véritable élan de fraternité.