Depuis 4 ans, la ville de Roubaix (59) s’est engagée dans une démarche Zéro déchet. Cette démarche, imaginée et lancée par une liste citoyenne lors des élections municipales de 2014, est aujourd’hui devenue un projet de grande ampleur qui a quitté la sphère politique pour toucher l’intégralité de l’écosystème roubaisien. Alexandre Garcin, adjoint au maire et porteur du projet Zéro Déchet nous raconte.
Comment êtes-vous devenu le Monsieur Zéro déchet de la ville de Roubaix ?
Dans ma vie professionnelle, je suis ingénieur et je travaille dans la construction écologique. Parallèlement, je vis à Roubaix. Lors des élections municipales de 2014, j’ai souhaité m’engager pour ma ville et j’ai intégré une liste citoyenne, Dynamiques roubaisiennes.
L’objectif était de challenger les partis politiques et de mettre en place une démarche zéro déchet pour la ville.
Cette liste citoyenne a finalement décidé de rejoindre la liste qui deviendra victorieuse des élections, et je suis devenu adjoint au maire pour le Développement Durable et donc également le zéro déchet.
A-t-il été facile de lancer la démarche Zéro Déchet ?
Les débuts ont été difficiles. Très vite, la ville a découvert la complexité du sujet. En effet, la collecte et le traitement des déchets n’est pas gérée par la ville de Roubaix mais par la Métropole Européenne de Lille, qui n’avait pas forcément envie de s’investir sur le sujet.
Nous avons alors adopté une nouvelle approche et prouvé notre légitimité à travailler sur le sujet en considérant les déchets comme intrinsèquement liés à la consommation, au pouvoir d’achat et au lien social. Cette gestion relève alors de compétences qui, pour le coup, sont tout à fait celles de la ville.
Quelles sont les actions marquantes de ce projet Zéro Déchet ?
En 2015, nous avons invité les citoyens à relever un défi : réduire leur production de déchets de 50 % en un an. Cent familles se sont alors portées volontaires. La ville leur a fourni des balances afin de mesurer leur poids de déchets et les a accompagnées par le biais d’ateliers sur la création de produits faits maison, sur le compostage, sur le tri …
Ce défi lancé aux familles est devenu le véritable fil conducteur de la démarche zéro déchet à Roubaix et il est remarquable de constater que l’engagement des citoyens suscité à travers le zéro déchet entraîne ces mêmes citoyens dans un nouvel engagement, cette fois au service d’une économie circulaire de territoire.
Comment vit cette dynamique dans le temps ?
À l’heure actuelle, la démarche zéro déchet prend de l’ampleur dans la ville de Roubaix. Les familles participantes se multiplient, elles se diversifient en termes d’âge, de professions, de niveaux d’éducation ou encore de revenus.
Leurs motivations à relever le défi sont également très diverses, entre respect de l’environnement et volonté de faire des économies. Cette diversité prouve que le projet porté par la ville touche un grand nombre d’habitants et que la ville est sur la bonne voie.
Qu’est-ce qui vous rend le plus fier aujourd’hui ?
Nous avons montré qu’en accompagnant les citoyens vers un objectif zéro déchet, nous leur apportions du lien social, un bénéfice économique, une augmentation de leur pouvoir d’achat, en plus d’une réduction extrêmement importante de leurs déchets.
Finalement, le « prétexte » de la poubelle devient presque anecdotique au regard des retombées positives pour la population, qu’elles soient humaines ou économiques.